jeudi 20 novembre 2014

Entrevue avec David Deschênes, propriétaire de chez Le Bièrologue



Hochelaga-Maisonneuve

J’imagine que nous connaissons tous au moins une boutique gastronomique où nous aimons aller, parfois de proximité, parfois valant le détour. Pour ma part, je peux en nommer plusieurs. Vous saurez lesquelles en lisant chroniques gourmandes Montréal, je n’y manquerai pas!

Cette semaine, j’ai visité une adresse de quartier que j’apprécie franchement. La déco du local est recherchée. On y retrouve toutes sortes d’artefacts de la bière. Diverses caisses de bière en bois et anciennes, murs en bois de grange, cadres originaux dont un de la bière Frontenac Export avant l’achat de Frontenac par Molson dans les années 30. Oui, la Molson Ex. Les produits sont offerts dans une variété étonnante pour la bière, le cidre et la bouffe. 100% québécois. Je constate qu’il y a un engouement grandissant pour le houblon et le malt. De plus, l’achat de circuit court devient de plus en plus un facteur important dans les décisions d’achat. J’approuve.

Par-dessus tout, j’y vais pour les conseils de David et son équipe. Toujours dynamiques, ils vous proposeront des bières selon vos envies et l’occasion. J’ai rencontré pour vous David Deschênes, propriétaire de ladite boutique de bières de microbrasserie et épicerie fine, Le Bièrologue. Autant pour les néophytes comme moi que pour les amateurs, je crois que cette entrevue vous donnera une meilleure image du monde brassicole québécois et que cela vous donnera envie d’essayer ainsi que de partager vos découvertes. Voyons d’abord ce que David a à nous dire entre deux clients. Ces derniers se pressaient probablement d’acheter un breuvage de choix à boire devant le match de la Sainte-Flanelle se déroulant un peu plus tard!


Rémy M. Gagnon : Félicitations pour Le Bièrologue, il s’agit depuis 2012 d’une adresse de choix pour la bière de microbrasserie québécoise et des produits d’épicerie fine venant eux aussi de La Belle Province. Vous êtes situés dans l’est de Montréal. Pourquoi HoMa?

David Deschênes : HoMa c’est plutôt journalistique. Je dirais Hoch’lag, le quartier. Je dirais pour l’énergie postive et contagieuse. Une fierté pour ce quartier qui est en émergence et qui se revitalise (on a qu’à penser au Trèfle, Mr Smith et autres bonnes adresse sur Ontario est en plus du parc Morgan qui s’est refait une beauté). C’est aussi pour la diversité des habitants de la place. Autant les gens qui ont grandit ici que les professionnels qui s’y installent, les artistes et j’en passe. Cet intérêt pour Hoch’lag se verra à la télé demain, vendredi le 21 novembre, au Téléjournal de TVA, qui a entre autres visité Le Bièrologue pour l’occasion.

R.M.G. : On se situe dans une ancienne épicerie de quartier. Cela vous a-t-il inspiré pour la création de l’intérieur du local?

D.D. : Non. Ça a été une découverte. Le concept réside à se sentir chez soi. Pour le touriste, c’est davantage reconnaître le côté très québécois de l’endroit. Par ailleurs, embellir le patrimoine local et culturel.

R.M.G. : Parlez-moi de l’esprit chez Le Bièrologue. Comment définissez-vous votre culture?

D.D. : Le Bièrologue, c’est la fierté des produits locaux et de la culture québécoise. Je dirais d’ailleurs le professionnalisme. On ne fait pas que vendre de la bière ici. On conseille et on guide. On veut élever la culture de la bière à Montréal.

R.M.G. : Vous offrez que des produits québécois,  soit des bières, des cidres et de la bouffe.  Pourquoi est-il selon  vous si important d’acheter local, surtout avec autant de produits importés eux aussi attrayants? Comment le Québec brassicole et du terroir alimentaire se démarque?

D.D : Assurément pour diverses raisons. Premièrement, pour l’économie locale. Ça me fait chaud au cœur de créer et de maintenir de l’emploi pour les gens d’ici. Je pense aux Îles de la Madeleine d’où je me fournis en produits de la mer (fish ‘n’ chips, hareng, saucisse de homard, etc.). Je trouve ça super important. Ensuite, pour l’environnement. Au lieu du jus d’orange de la Floride qui a parcouru des milliers de kilomètres pour se rendre jusqu’à votre table, j’offre une alternative de circuit court. Du jus de rhubarbe du Lac Brome. C’est délicieux! Dans le même ordre, acheter local, ça représente une action citoyenne. De la fierté pour notre culture québécoise, donc se brancher sur sa propre histoire. Je rajoute que je connais tous mes fournisseurs par leur prénom et nom de famille. On se parle régulièrement. Je sais avec quoi mes produits sont élaborés, la qualité des ingrédients et surtout, je peux avoir une traçabilité des produits. Enfin, il s’agit d’un hommage aux artisans de la province. Les gens veulent de plus en plus savoir la provenance de ce qu’ils boivent et mangent.

R.M.G. : En effet, tu viens d’avoir un client qui tenait à savoir de quelle ville provenait sa bière Farnham… de Farnham!

Vous aviez sur les tablettes de la St-Ambroise à la citrouille jusqu’à cette semaine. Un délicieux produit de saison. Y-en-a-t-il d’autres de saison? Qu’est-ce que nous trouverons chez vous de ce genre dans les prochains mois?

D.D. : En fait, chaque saison a sa spécialité. Le printemps, on trouve les bières à l’érable et les ceintures fléchées. Ça marche fort! L’été, on a les bières de fruits. Ste-Amboise à l’abricot, par exemple. L’automne, on retrouve les cidres, la bière de pomme et de citrouille aussi. Quant à l’hiver, les microbrasseries proposent des bières de Noël, épicées en plus de celles étant plus puissantes.

R.M.G. : Du côté aromatique, la bière se compare-t-elle à la richesse du nez et du goût des vins, par exemple?

D.D : Quand on parle de vin, on parle d’un alcool qui est produit dans son terroir. Le raisin, donc le cépage, demeure l’ingrédient unique et vinifié selon un savoir-faire. La bière se trouve à être faite à partir d’une recette où le grain mélange à la levure et même d’autres éléments. Le savoir-faire du brasseur crée un breuvage où on goûte le terroir. Le nez, le goût, les flaveurs et le visuel créent une richesse dans un breuvage vivant, mais différent du vin. Le tout, très lié à la nourriture. On peut faire du pairing. Par exemple, le grain se révèle un excellent mariage avec le fromage, dans le pain comme la bière.

R.M.G. : As-tu un type de bière préférée ou carrément une bière fétiche?

D.D. : Oui. Le style saison. C’est belge. Agrumées et épicées, ces bières sont nobles et ont été historiquement brassée par les fermiers. On la boit dans une coupe.

R.M.G. : As-tu des bières à proposer à nos lecteurs?

D.D. : Chez Le Bièrologue, on retrouve des éditions limitées parfois rares. Je vous en propose trois.

- Microbrasserie Les Trois Mousquetaires, Porter baltique, 2014, 10,5% d’alcool, vieillie en fût de bourbon et brandy, championne du monde dans sa catégorie aux World Beer Awards. 

- Microbrasserie Charlevoix, Dominus Vobiscum, Lupulus, triple IPA, 10%.

- Vieille gueuze, 5,1% d’alcool, style Gueuze mais québécois (Gueuze est une appellation d’origine contrôlée en Belgique), rare




Éclairé de cette entrevue, je parcours la boutique, avide de mieux connaître ce que Le Bièrologue offre de mieux. Je suis ravi et amusé de voir des produits de l’érable originaux. Bec Cola. Un Cola à base de notre sirop national. Du thé du Labrador (provenant de Épices de Cru). Toutes sortes de produits d’épicerie fine; pizza au saumon fumé, sauce tomate la Salsa de la Nonna de la Drogheria sur l’avenue Fairmount, fromages, saucissons Sipousse de Fou du cochon (La Pocatière) et j’en passe. Et que dire de la sélection de bières et cidres. Vous y trouverez les verres appropriés au cas où vous voudriez pousser l’expérience plus loin. Tout cela m’ouvre vers de nouvelles perspectives gastronomiques. Je vous recommande chaudement Le Bièrologue. Surtout, allez-y pour les conseils de David et son équipe et pour acheter les produits du Québec.

Le Bièrologue
4301 Ontario est
Montréal
H1V 1K5

http://www.lebierologue.com/

À la semaine prochaine!


Rémy

Aucun commentaire:

Publier un commentaire