Hochelaga-Maisonneuve
J’imagine que nous connaissons
tous au moins une boutique gastronomique où nous aimons aller, parfois de
proximité, parfois valant le détour. Pour ma part, je peux en nommer plusieurs.
Vous saurez lesquelles en lisant chroniques gourmandes Montréal, je n’y manquerai
pas!
Cette semaine, j’ai visité une
adresse de quartier que j’apprécie franchement. La déco du local est
recherchée. On y retrouve toutes sortes d’artefacts de la bière. Diverses
caisses de bière en bois et anciennes, murs en bois de grange, cadres originaux
dont un de la bière Frontenac Export avant l’achat de Frontenac par Molson dans
les années 30. Oui, la Molson Ex. Les produits sont offerts dans une variété
étonnante pour la bière, le cidre et la bouffe. 100% québécois. Je constate qu’il
y a un engouement grandissant pour le houblon et le malt. De plus, l’achat de
circuit court devient de plus en plus un facteur important dans les décisions d’achat.
J’approuve.
Par-dessus tout, j’y vais pour
les conseils de David et son équipe. Toujours dynamiques, ils vous proposeront
des bières selon vos envies et l’occasion. J’ai rencontré pour vous David
Deschênes, propriétaire de ladite boutique de bières de microbrasserie et épicerie
fine, Le Bièrologue. Autant pour les néophytes comme moi que pour les amateurs,
je crois que cette entrevue vous donnera une meilleure image du monde
brassicole québécois et que cela vous donnera envie d’essayer ainsi que de
partager vos découvertes. Voyons d’abord ce que David a à nous dire entre deux
clients. Ces derniers se pressaient probablement d’acheter un breuvage de choix
à boire devant le match de la Sainte-Flanelle se déroulant un peu plus tard!
Rémy M. Gagnon : Félicitations pour Le Bièrologue, il s’agit
depuis 2012 d’une adresse de choix pour la bière de microbrasserie québécoise
et des produits d’épicerie fine venant eux aussi de La Belle Province. Vous
êtes situés dans l’est de Montréal. Pourquoi HoMa?
David Deschênes : HoMa c’est plutôt journalistique. Je dirais
Hoch’lag, le quartier. Je dirais pour l’énergie postive et contagieuse. Une
fierté pour ce quartier qui est en émergence et qui se revitalise (on a qu’à
penser au Trèfle, Mr Smith et autres bonnes adresse sur Ontario est en plus du
parc Morgan qui s’est refait une beauté). C’est aussi pour la diversité des
habitants de la place. Autant les gens qui ont grandit ici que les
professionnels qui s’y installent, les artistes et j’en passe. Cet intérêt pour
Hoch’lag se verra à la télé demain, vendredi le 21 novembre, au Téléjournal de
TVA, qui a entre autres visité Le Bièrologue pour l’occasion.
R.M.G. : On se situe dans une ancienne épicerie de quartier.
Cela vous a-t-il inspiré pour la création de l’intérieur du local?
D.D. : Non. Ça a été une découverte. Le concept réside à se
sentir chez soi. Pour le touriste, c’est davantage reconnaître le côté très
québécois de l’endroit. Par ailleurs, embellir le patrimoine local et culturel.
R.M.G. : Parlez-moi de l’esprit chez Le Bièrologue. Comment
définissez-vous votre culture?
D.D. : Le Bièrologue, c’est la fierté des produits locaux et
de la culture québécoise. Je dirais d’ailleurs le professionnalisme. On ne fait
pas que vendre de la bière ici. On conseille et on guide. On veut élever la
culture de la bière à Montréal.
R.M.G. : Vous offrez que des produits québécois, soit des bières, des cidres et de la
bouffe. Pourquoi est-il selon vous si important d’acheter local, surtout
avec autant de produits importés eux aussi attrayants? Comment le Québec brassicole
et du terroir alimentaire se démarque?
D.D : Assurément pour diverses raisons. Premièrement, pour l’économie
locale. Ça me fait chaud au cœur de créer et de maintenir de l’emploi pour les
gens d’ici. Je pense aux Îles de la Madeleine d’où je me fournis en produits de
la mer (fish ‘n’ chips, hareng,
saucisse de homard, etc.). Je trouve ça super important. Ensuite, pour l’environnement.
Au lieu du jus d’orange de la Floride qui a parcouru des milliers de kilomètres
pour se rendre jusqu’à votre table, j’offre une alternative de circuit court.
Du jus de rhubarbe du Lac Brome. C’est délicieux! Dans le même ordre, acheter
local, ça représente une action citoyenne. De la fierté pour notre culture québécoise,
donc se brancher sur sa propre histoire. Je rajoute que je connais tous mes
fournisseurs par leur prénom et nom de famille. On se parle régulièrement. Je
sais avec quoi mes produits sont élaborés, la qualité des ingrédients et
surtout, je peux avoir une traçabilité des produits. Enfin, il s’agit d’un
hommage aux artisans de la province. Les gens veulent de plus en plus savoir la
provenance de ce qu’ils boivent et mangent.
R.M.G. : En effet, tu viens d’avoir un client qui tenait à savoir
de quelle ville provenait sa bière Farnham… de Farnham!
Vous aviez sur les tablettes de
la St-Ambroise à la citrouille jusqu’à cette semaine. Un délicieux produit de
saison. Y-en-a-t-il d’autres de saison? Qu’est-ce que nous trouverons chez vous
de ce genre dans les prochains mois?
D.D. : En fait, chaque saison a sa spécialité. Le printemps,
on trouve les bières à l’érable et les ceintures fléchées. Ça marche fort! L’été,
on a les bières de fruits. Ste-Amboise à l’abricot, par exemple. L’automne, on
retrouve les cidres, la bière de pomme et de citrouille aussi. Quant à l’hiver,
les microbrasseries proposent des bières de Noël, épicées en plus de celles
étant plus puissantes.
R.M.G. : Du côté aromatique, la bière se compare-t-elle à la
richesse du nez et du goût des vins, par exemple?
D.D : Quand on parle de vin, on parle d’un alcool qui est
produit dans son terroir. Le raisin, donc le cépage, demeure l’ingrédient
unique et vinifié selon un savoir-faire. La bière se trouve à être faite à
partir d’une recette où le grain mélange à la levure et même d’autres éléments.
Le savoir-faire du brasseur crée un breuvage où on goûte le terroir. Le nez, le
goût, les flaveurs et le visuel créent une richesse dans un breuvage vivant,
mais différent du vin. Le tout, très lié à la nourriture. On peut faire du pairing. Par exemple, le grain se révèle
un excellent mariage avec le fromage, dans le pain comme la bière.
R.M.G. : As-tu un type de bière préférée ou carrément une
bière fétiche?
D.D. : Oui. Le style saison. C’est belge. Agrumées et épicées,
ces bières sont nobles et ont été historiquement brassée par les fermiers. On
la boit dans une coupe.
R.M.G. : As-tu des bières à proposer à nos lecteurs?
D.D. : Chez Le Bièrologue, on retrouve des éditions limitées
parfois rares. Je vous en propose trois.
- Microbrasserie
Les Trois Mousquetaires, Porter baltique, 2014, 10,5% d’alcool, vieillie en fût
de bourbon et brandy, championne du monde dans sa catégorie aux World Beer Awards.
- Microbrasserie
Charlevoix, Dominus Vobiscum, Lupulus, triple IPA, 10%.
- Vieille
gueuze, 5,1% d’alcool, style Gueuze mais québécois (Gueuze est une appellation
d’origine contrôlée en Belgique), rare
Éclairé de cette entrevue, je
parcours la boutique, avide de mieux connaître ce que Le Bièrologue offre de
mieux. Je suis ravi et amusé de voir des produits de l’érable originaux. Bec
Cola. Un Cola à base de notre sirop national. Du thé du Labrador (provenant de
Épices de Cru). Toutes sortes de produits d’épicerie fine; pizza au saumon
fumé, sauce tomate la Salsa de la Nonna de la Drogheria sur l’avenue Fairmount,
fromages, saucissons Sipousse de Fou du cochon (La Pocatière) et j’en passe. Et
que dire de la sélection de bières et cidres. Vous y trouverez les verres
appropriés au cas où vous voudriez pousser l’expérience plus loin. Tout cela m’ouvre
vers de nouvelles perspectives gastronomiques. Je vous recommande chaudement Le
Bièrologue. Surtout, allez-y pour les conseils de David et son équipe et pour
acheter les produits du Québec.
À la semaine prochaine!
Rémy
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